Tribune du bulletin municipal de janvier 2016

 

L’enfer est (aussi) pavé de mauvaises intentions.

Le désordre créé par le nouveau schéma de collecte des ordures ménagères est considérable. Et les réactions de nos élus majoritaires ou des chefs de service face au mécontentement du public et aux grèves du personnel ont quelque chose de pathétique.
L’histoire ressemble à une démonstration de ce qu’il ne faut pas faire.
Au début de l’histoire, il y a l’affirmation qu’un service public peut et doit toujours coûter moins cher à la collectivité. Il suffit qu’il soit plus productif et mieux organisé.
« Plus productif », cela s’adresse au personnel de la collecte des ordures ménagères. Cela signifie travailler un peu plus, en étant moins nombreux et avec un schéma de collecte paraît-il performant. Concrètement, pour les agents, c’est un travail plus pénible encore.
« Mieux organisé » cela s’adresse à tout le monde. Mais il faut convaincre. C’est un peu le syndrome de la « réforme »: Il faut faire passer des régressions pour des nécessités … ou invoquer de faux prétextes écologiques. Donc, une diminution des passages, l’abandon de la collecte du papier ou du verre seraient les nécessités du nouveau service public. Il suffit d’ajouter des bacs de collecte volontaires (très « design » il est vrai…) en rappelant aux habitants inquiets que les impôts n’augmentent pas !
L’indescriptible pagaille de janvier sonna comme un dur rappel à la réalité.
La fin de l’histoire risque d’être bien triste. Car à terme, c’est tout le travail, long, difficile, pédagogique, indispensable, mettant en œuvre le tri sélectif depuis 20 ans qui est battu en brèche en quelques semaines. Faute de collectes sélectives suffisantes en verre et papier et d’une volonté politique affirmée, les sacs des ordures ménagères, dont le volume était censé diminuer, vont de nouveau se mettre à grossir. En appeler à la citoyenneté/solidarité des voisins pour aider les personnes âgées ou invalides à porter verre et papier est une mauvaise plaisanterie. Car la première forme de solidarité détruite par la réforme c’est justement celle du service public.
Les finances publiques ne sont pas toujours extensibles. Mais il faudra bien un jour que les choix qui privilégient systématiquement des dépenses d’investissements au détriment des dépenses de service public soient remis en cause. Le prix à payer par les agenais pour les 90 millions d’euros que l’agglomération entend engloutir dans son projet ô combien incertain de Technopole Agen Garonne s’avère particulièrement lourd…

Jean Philippe Maillos