Les échecs et la comptabilité d’entreprise (4)

 

J’ai regardé les comptes 2017 de la société «Promotion des Jeux de l’esprit » dont monsieur Bachar Kouatly était le gérant.

Non que cette société m’intéresse puisque je n’ai jamais joué aux échecs et n’ai jamais lu la revue Europe échecs. Mais parce que ma ville a signé un contrat avec cette société le 11 octobre 2018 dans des conditions contestables et confuses.

J’ai répété plusieurs fois que la contestation et la confusion étaient le produit d’un double phénomène : une désinvolture du maire d’Agen vis à vis de son conseil municipal et le double statut du président de la FFE/gérant de la société PJE. J’ai répété que cela avait trompé notre conseil municipal sur la réalité de l’opération.

Les 2/3 de l’activité de PJE relève de contrats de prestations avec des villes. Ce qui justifie ma volonté de donner une traçabilité à l’argent public versé à cette société ; d’autant plus que le contrat de 100 000 € avec Agen m’a toujours paru excessif.

Je ferai ainsi quelques remarques :

1)J’ai relu – pour bien comprendre la nature de la société PJE – ce que monsieur Bachar Kouatly, Président de la Fédération Française des Echecs a écrit en réponse à l’article du Monde du 20 mars. Je cite :
« Je précise, car c’est le soupçon que cet article vise à répandre, que ni moi, ni mon fils ne touchons ou n’avons touché aucune rémunération ni dividende de la société dont le seul objectif est le développement du jeu d’échecs et non mon enrichissement ou celui de mes proches. »

2)Il est vrai que les 31 906 euros de bénéfices de PJE n’ont pas été distribués en rémunération ou en dividendes. Mais, comme les années précédentes, ils ont augmenté les « capitaux propres » de l’entreprise pour les porter à 284 587 euros.

2)Le montant des « disponibilités » accumulés étaient de 468 565 euros, répartis sur divers comptes bancaires. Sur le plan comptable, il s’agit d’une importante trésorerie que l’entreprise ( c’est à dire ici son gérant et associé ) peut utiliser rapidement par une simple opération comptable.

3)L’« actif net » est bien de 284 587 euros : c’est l’autre calcul qui permet de se faire une idée de ce que vaut PJE ; c’est à dire ce qu’il resterait aux actionnaires si l’entreprise devait cesser son activité, vendre tous ses biens et rembourser toutes ses dettes.
(Le calcul comptable est : actif net = actif immobilisé + actif circulant – dettes)

J’en conclue que l’entreprise est en bonne santé et que c’est maintenant un réel patrimoine pour ses propriétaires (je rappelle qu’à sa création, l’apport initial est de 300 euros).
Je remarque cependant que deux redressements fiscaux de 48 000 € et 84 000 € ont été signifiés à PJE

4) Je constate aussi que, pour son activité, la société PJE loue un local pour 40 400 euros à la Société Civile Immobilière de monsieur Bachar Kouatly.

5) Je constate que PJE loue en 2017 une BMW pour 15 000 euros, une Land Rover pour 3 667 euros et enregistre des frais de réception de 31 000 euros.

J’en conclue que PJE assure des revenus complémentaires et des avantages à ses propriétaires.

Dans un deuxième temps, j’ai lu ce que Monsieur Kouatly ajoutait dans son propos, je cite : « L’argent gagné par cette société permet uniquement à la revue Europe Echecs de continuer son travail et à de nombreux joueurs et joueuses d’échecs de vivre de leur passion en formant dans les écoles les joueuses et joueurs de demain »

Je n’ai pas trouvé dans la comptabilité la trace des salariés pour « continuer ce travail » et « vivre de leur passion » (sinon une ligne mineure de 27 000 euros). En revanche, j’ai trouvé beaucoup de sous traitance et d’honoraires . Ce qui laisse beaucoup de souplesse de gestion.

Jean Philippe Maillos – Conseiller municipal d’Agen

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