Transfert du marché de l’eau dans l’agglomération : du miracle à la réalité.

Tribune revue municipale 2019

Le président de l’agglomération d’Agen (et maire d’Agen) a présenté le transfert du marché de l’eau de l’entreprise Véolia à l’entreprise SAUR-Eau de Garonne comme une affaire formidable.
Ce serait presque un miracle : les habitants vont bénéficier d’une baisse du prix du mètre cube d’eau de 15 % en moyenne. De 30 % pour certains. De 14 % pour Agen.

Comment une société peut elle consentir d’emblée une baisse de tarification aussi substantielle ? Comment fait elle ?
Il y a des explications simples, d’autres plus obscures.

1)La plus simple est d’observer comment la SAUR matraque ses salariés.
Il est toujours utile de voir comment une entreprise applique le droit du travail pour juger de ce que deviendront ses engagements.
Le code du travail est très clair : l’article L 1224 stipule qu’une entreprise doit, en cas de transfert d’une entité économique, ré-employer les salariés sous contrat dans l’entreprise précédente, aux mêmes conditions de salaire et d’emploi.
A ce jour, la SAUR refuse toujours d’appliquer ces règles de droit.
Sur les 40 salariés de VEOLIA qui travaillaient pour la distribution de l’eau au sein de l’agglo d’Agen, seuls 26 ont été transférés en application de la loi, avec maintien du contrat initial. 14 salariés n’ont pas été repris ou se sont vu proposer des mutations ou des postes de moindre qualification. Sur ces 14 salariés, 2 ont démissionné et 3 connaissent une procédure de licenciement.
Inadmissible situation, dans laquelle VEOLIA et SAUR semblent – maintenant que la compétition entre elles est terminée – se partager les tâches : Veolia annonçant d’abord à tous les salariés qu’ils seraient transférés dans les conditions prévues par la loi ; puis laissant la SAUR faire son marché des salariés qui l’intéressent ; et enfin les deux laissant pourrir la situation pour les salariés écartés du transfert. Solution simple, il est vrai.

2) Plus obscur est de considérer que les tarifs originels de l’ancienne entreprise concessionnaire Veolia étaient sur-évalués. Et que la nouvelle entreprise est très performante ! Malheureusement, son histoire récente, faite de refinancement hasardeux et d’endettement est un peu inquiétante.
Alors, ne serait ce pas aussi, comme une conséquence, que les engagements de la SAUR-Eau de Garonne, sont au ras du plancher en termes de qualité, d’investissements et de maîtrise des impératifs écologiques ? L’idée est à creuser car si la SAUR a baissé spectaculairement le tarif du m3 d’eau potable (de 38% par rapport à Véolia !) et d’eau usée (de 32 %), le prix de l’abonnement à doublé (de 30 a 60 euros annuels). Doublement qui s’explique par la création d’une part attribuée à l’agglomération. De plus, le tarif au m3 attribué à la seule Agglomération augmente considérablement . Pourquoi ? La collectivité publique, allégeant les obligations de l’entreprise délégataire, deviendrait-elle la seule véritable responsable des investissements à venir ?
Un miracle en somme.

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